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Blog d'écriture de Julien Ducrocq
18 janvier 2024

Kaeru no Ongaku: partie 3

Voici le début de la troisième partie de la vie de Kaeru !

À nouveau, il change complètement d'apparence et de style de vie, mais il restera d'une certaine façon toujours une petite grenouille toute mignonne :3

Bonne lecture !


 

Quand l’automne vient et que les températures rafraichissent, les travaux aux champs se réduisent, mais, les moines, en particulier Raiu Odayaka, semblent toujours chercher des excuses pour le faire travailler. On lui demande de cuisiner des plats, de laver la vaisselle, de nettoyer les toges des moines, de nettoyer les sols des temples, de jouer aux moines copistes en recopiant des livres en faisant de jolis dessins et enluminures… des activités variées, mais qui intéressent très modérément Kaeru. Un jour, on lui demande carrément d’étiqueter tous les objets du grenier monastique ! C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase !

Pendant plusieurs jours, il fait profil bas lors de ses corvées et qu’il prépare son évasion la nuit, notamment en volant un livre sur l’Atlantide, un sur Nihongo pour s’instruire, des tranches d’ananas et des bananes pour se sustenter, des bandages pour se soigner, on ne sait jamais, et des flûtes pour pouvoir exercer son pouvoir. Une fois qu’il est prêt, une nuit bien froide de la toute fin de l’automne, il ouvre sa fenêtre et s’enfuit, usant de sa dextérité de salamandre pour escalader les murs avec sa queue et ses pattes. Sa décision peut sembler précipitée et immature, mais Kaeru a les hormones en ébullition et son corps le rend plus hyperactif que jamais. De plus, il ne se sent plus vraiment à sa place parmi ces moines qui semblent vouloir l’exploiter de plus en plus à mesure que le temps passe. Peut-être voulaient-ils le surcharger de travail pour lui enlever toute velléité d'évasion, Kaeru l’ignore, mais en tous cas cette méthode a eu tout l’effet inverse !

Ainsi, tel un ninja, Kaeru descend discrètement et habilement sur 3 étages le mur de son dortoir, traverse les différents jardins et les cultures, et parvient enfin aux remparts extérieurs du monastère. À son grand dam, deux gardes protègent un petit portail triangulaire qui marque l’entrée. De plus, quelques autres se trouvent à des postes d’observations un peu plus loin. Comment faire pour passer ? Kaeru rassemble ses esprits pour ne pas céder à la panique. Après tout, il est sur le point de quitter sa nouvelle zone de confort pour recommencer une nouvelle vie… Il a hâte d’y aller, mais est aussi très effrayé, un nouvel obstacle sur sa route n’était sûrement pas ce dont il avait besoin !

Soudain, il se rappelle qu’il bénéficie de pouvoirs liés à la musique ! Il commence à maîtriser ses facultés, qui plus est ! Il oublie un instant son changement de vie et ses doutes, et se concentre sur l’instant présent.  En utilisant une flûte traversière, il joue une musique tout en essayant de produire le moins de son possible. Sans trop de difficulté, il soulève plusieurs petits cailloux dans les airs, et les envoie dans la direction opposée à la sienne. En jouant quelques notes bien choisies, il réussit même à faire ricocher les cailloux plusieurs fois, créant l’illusion (précaire) que quelqu'un s’éloigne en courant ! Les gardes, intrigués, commencent à aller dans la direction du bruit… Kaeru en profite pour courir le plus discrètement possible jusqu’à la sortie, optimisant les appuis de ses pieds et les mouvements de ses longues jambes. 

Alors qu’il atteint enfin l’autre côté du portail, une patte de Kaeru butte une pierre. Dans un élan de douleur, il crie, et son cœur s’arrête presque de battre ! Son instinct de survie, cependant, a déjà pris le relais. Sans même s’en rendre compte, la salamandre se roule en boule, ce qui lui permet de dévaler une faible pente après le portail, s'éloignant au maximum des gardes, probablement à sa poursuite ! Kaeru se relève tant bien que mal et essaye de s’enfuir, mû par l’énergie du désespoir, presque à cloche-pied en évitant d’avoir sa patte blessée qui touche le sol. Il a assez de présence d’esprit pour ne pas suivre le sentier direct et clairsemé, mais pour directement aller sous le couvert des arbres. 

Perclus de douleur, Kaeru ne tarde pas à s’arrêter pour se reposer et se soigner un peu, espérant très fort avoir semé les gardes… Il s'assoit et se masse la patte. Elle saigne un peu, elle est assez douloureuse, mais rien ne semble cassé, c’est le principal ! Fort heureusement, Kaeru avait pensé à prendre quelques bandages avant de fuir le monastère. Ainsi, bien que les gardes doivent faire leur ronde pas très loin, il peut prendre le temps de bander sa patte et reprendre quelques forces… heureusement, une fois de plus, qu’il avait pensé à prendre des bananes ! 

Tranquillement installé, de moins en moins inquiété par les gardes, Kaeru commence à se sentir mieux, et à se dire que cette vie hors du monastère dans lequel il a passé les dernières années de sa vie ne devrait pas si mal se passer ! Après tout, c’est ce qu’il avait voulu ! Il commence à faire la liste de tous les endroits qu’il pourrait visiter, de toutes les civilisations anciennes qu’il pourrait dépoussiérer… Il se rappelle des livres sur l’Atlantide et le peuple de Mü qui le faisaient rêver depuis sa plus tendre enfance chez les grenouilles… Chez les Moines Élémentaires, ses lectures sur le Nihongo, avec tous ses temples, ses sanctuaires et ses pagodes, l’ont aussi beaucoup intrigué, il aimerait visiter cet endroit, et les autres pays avoisinants, quand il sera un peu moins amer en repensant au monastère… la maison où il avait fini par se sentir séquestré.

Perdu dans ses pensées, la salamandre ne réalise pas que des yeux jaunes se multiplient dans l’obscurité, tout autour de lui. Un grognement le fait enfin réagir : il réalise qu’une meute de chiens sauvages s’est rassemblée de l’autre côté des buissons ! Sa patte étant complètement remise, sans plus attendre il commence à s’enfuir, de nouveau ! Décidément, il ne peut pas rester tranquille cinq minutes, dans la nature ! Il laisse libre cours à son instinct de survie, et prend littéralement ses jambes à son cou. Il tourne à droite, à gauche, à droite et encore à gauche, ne sait plus sa droite de sa gauche, a la tête qui tourne, commence à fatiguer… Néanmoins, il est plus tenace que ses poursuivants, qui finissent par abandonner la poursuite.

Kaeru est soulagé de pouvoir enfin s’arrêter de courir, et est bien content d’être encore en vie. Les prédateurs devaient bien être une vingtaine, et en dépit de ses pouvoirs musicaux, Kaeru n’aurait pas pu en venir à bout. Il mange quelques bananes pour se restaurer, peut-être trop, il ne lui en reste plus beaucoup ! De plus, son sentiment précaire de sécurité fait vite place à l’angoisse. La salamandre a tellement tourné et rata-tourné dans cette fichue forêt, monté et descendu les pentes de montagne, qu’il a totalement perdu ses repères… Kaeru est complètement perdu ! 

Pour éviter de trop désespérer, il se met en marche, essaye de trouver un chemin parmi les feuillages… en vain. Il fait encore un peu sombre, l’aube commence seulement à pointer, et tous les arbres se ressemblent dans cette pénombre. Il faudrait qu’il trouve un point en hauteur pour avoir une vue d’ensemble, mais à chaque pente qu’il monte, s’ensuit une pente qui descend. Il pourrait essayer de monter en haut d’un arbre, mais il n’a jamais été très doué pour ça. Il préfère tenter sa chance au sol avant d’escalader un arbre et de risquer de se blesser.

Après plus d’une demi-heure de marche stérile, Kaeru s’arrête à l’entrée d’une clairière, et prend le temps de s’asseoir quelques minutes.  Bloqué dans la forêt depuis trop longtemps, il désespère. Il commence sérieusement à penser qu’il ne pourra jamais en sortir… Il se rappelle alors les travaux manuels au monastère : on lui avait appris à tresser une couchette à partir de feuilles de bambous, et même à remplir coudre des coussins et à les remplir de coton. En théorie, il pourrait se confectionner son propre futon et sac de couchage, mais la différence entre le monastère et la forêt, c’est les cultures… pas trop de champs de coton dans la forêt ! Mais des bambous, ça il y en a à foison, des bosquets entiers entre des cèdres et des chênes. Il pourrait bien se confectionner une sorte de tatami, mais est-ce beaucoup mieux que de dormir par terre ? Pire encore, comment peut-il faire pour manger, sur le long terme ? Kaeru n’est pas un très bon chasseur, son esprit refuse de tuer d’autres êtres vivants…

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  • Fan de romans fantastiques et de SF sous toutes ses formes, j'aimerais partager avec vous ma passion de l'écriture. À la recherche d'un éditeur pour mon premier roman, la Libération de Seth, j'attends vos avis et vos conseils avec impatience.
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